Il pleut sur le ravin, sur le monde.Les Huppes Se sont posées sur notre grange, cimes De colonnes errantes de fumée. Aube, consens à nous aujourd’hui encore. De la première guêpe J’ai entendu l’éveil, déjà, dans la tiédeur De la brume qui ferme le chemin Où quelques flaques brillent. Dans sa paix Elle cherche, invisible. Je pourrais croire Que je suis là, que je l’écoute. Mais son Bruit ne s’accroît qu’en image. Mais sous Mes pas le chemin n’est plus le chemin, Rien que mon rêve de la guêpe, de huppes, De la brume. J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait Dans les braises, le front contre la cendre. Dans la chambre d’en haut respiraient en Paix nos corps que découvrait la décrue des Ombres.
Yves Bonnefoy, "Les planches courbes", 2001, éditions Gallimard / Le Mercure de France.